coup d'oeil

un peu de tout. un peu de moi , un peu de toi un peu du monde.

lundi, juillet 24, 2006

J'ai rien. Pas d'espoir. C'était qu'un rêve.

Je suis vide. Amer. Ainsi cette année n'aura pas été celle qu'on pouvait espérer dans l'avancée des relations au Proche-Orient. J'ai été assez naïf pour croire à cette renaissance du Liban, car même si les avancées n'étaient pas flagrantes elles laissaient entre apercevoir un futur meilleur. Dire que sans l'épisode du CPE je serai là-bas. Dire que je croyais qu'on pouvait parler de la reconstruction du Liban. C'était un optimisme dupé par les manœuvres syriennes. Aujourd'hui l'intelligence stratégique d'un homme vient de mettre à plat le Liban. Peut-être que Nasrallah n'a pas voulu l'enlèvement des trois soldats israéliens et la mort de huit autres, peut-être que ce fut l'œuvre de Palestiniens du Sud Liban qui savait parfaitement ce qu'ils allaient provoquer. Il n'empêche qu'aujourd'hui le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah est le mieux placé pour récupérer le pouvoir au Liban. Seul véritable détenteur d'une force militaire organisée et entraînée au combat, le Hezbollah est encore une fois parfaitement légitime au sein du pays, même si l'opinion libanaise condamne pour l'ensemble des communautés l'acte du Hezbollah, c'est aujourd'hui la seule force du pays capable de mettre en échec une incursion israélienne. Le Hezbollah est à la fois un parti politique, une armée, et agit dans les quartiers chiites au niveau social. L'attaque israélienne a souligné le non-contrôle de l'administration étatique du Liban qui doit aujourd'hui faire bloc contre Tsahal. Fouad Siniora a montré son impuissance a contrôler le pays, l'Etat libanais ayant depuis des années laissées le contrôle du Sud Liban au Hezbollah. Il n'y avait donc pas encore d'Etat libanais et la crise politique du pays depuis maintenant nombre d'année était dû à cette volonté de créer cet Etat libanais par la voie démocratique du dialogue.
Un rassemblement historique avait eu lieu en janvier à Beyrouth où toutes les personnalités des différentes communautés avaient consenti à discuter ensemble pour sortir de la crise. Futile espoir apparemment de voir le Liban gérer soi-même ses affaires.
Après avoir vu son élite décapitée par les assassinats, le voilà pris au sein d’un conflit qui le dépasse totalement en plein milieu d’un échiquier géostratégique complexe. L’action du Hezbollah a été vue par beaucoup comme une volonté de Téhéran de provoquer l’Etat israélien et de faire pression en plein conflit sur son nucléaire, d’autre comme une volonté d’ouvrir un deuxième front afin de diviser les forces de Tsahal, d’autres encore comme une volonté de la Syrie de redevenir la solution à cet imbroglio.
Je pencherai davantage pour la volonté de Nasrallah d’avoir voulu prendre le pouvoir au Liban en provoquant un conflit avec Israël. Ayant pu observer la réaction d’Olmert après l’enlèvement du soldat israélien par les milices palestiniennes, il aurait pu ordonner d’en faire de même, afin qu’un conflit ouvert soit déclaré par le gouvernement israélien. Je ne vois pas Nasrallah ou même plus généralement, le Hezbollah s’engager idiotement dans un conflit perdu d’avance. Le Hezbollah a pu voir une possibilité de prendre le pouvoir et à dû prendre ses précautions avant de passer à l’acte, vérifier s’il était capable de gagner. Si le « parti de Dieu » parvient à amener Tsahal en territoire libanais, ceux-ci pourraient alors envisager une négociation indirecte avec Israël si leur armée s’embourbe. C’est une possibilité comme un autre pour expliquer l’actuelle situation, si Israël en arrive à devoir négocier avec Nasrallah, il tiendra par la suite le pouvoir au Liban peut-être même indirectement. Israël s’est à priori jeté trop vite, se retrouvant face à une résistance inattendue après les bombardements au Sud. Si les services de renseignements israéliens n’ont pas été capables d’évaluer les forces en présence au Sud que ne savent-ils pas d’autres ?
Bien pire encore un échec israélien pourrait provoquer un regain de volonté dans l’opinion arabe de voir disparaître l’Etat israélien. L’enjeu est devenu plus qu’important, la sortie de ce conflit peut mettre Israël en véritable danger si l’opinion arabe pressent les différents Etats à s’unir pour mettre en échec Israël. La non-intervention de la communauté internationale ne fait qu’enfoncer l’opinion arabe dans la conviction que les démocraties occidentales sont davantage acquises à Israël qu’a n’importe quel Etat arabe. Ainsi on laisse un pays qui, affaibli de 30 ans de guerre, d’occupation, était en pleine reconstruction par le dialogue même s’il est vrai difficile, qui subit la pression extérieure de sa position chaque jour avec la vague d’assassinats, ainsi on laisse ce pays meurtri qui fait les frais de la volonté d’un régime démocratique, se faire anéantir en quelques jours par des ultra réactionnaires. On laisse gagner la stratégie du possible putsch. On laisse gagner la possibilité de l’instauration d’un régime islamique au Liban. On laisse gagner la possibilité d’Israël de pouvoir bombarder les infrastructures civiles d’un pays sans avoir à courir le risque de quelconque sanction. Des rappels à l’ordre, des propositions de cessez-le-feu, quelle hypocrisie de proposer l’impossible. Il suffit de mesurer les enjeux, même avec peu de connaissance pour voir que l’issue va être douloureuse et que les morts n’ont pas fini de pleuvoir.